Les photos ci-dessous ont
été regroupées sous le titre "Phot'eau" en
1991 suite à un séjour en Guadeloupe
où la
présence de l'eau est assez "prégnante" ! "Phot'eau"
a été exposée à
l'Artothèque
de Montpellier en septembre 1991, en octobre 91 au
Centre
Municipal Louis Aragon à Béziers, en Novembre
à la
Salle des Fêtes de Saint-Pargoire, en janvier 92
à
la Maison de l'Environnement de Montpellier. A part l'affiche, aucune de ces
photos n'est truquée ni superposée.
Un diaporama était proposé au visiteur. La bande
son
proposait des textes de l'auteur sur ses propres musiques dits par
Dominique Ottavi, et des textes de Dominique Ottavi, sur ses musiques dits par
Vincent Mérand. (http://www.dominique-ottavi.com/)
"Les
images dont l'eau est le prétexte ou la matière
n'ont pas la constance
et la solidité des images fournies par la terre, par les
cristaux, les
métaux et les gemmes.
Elles n'ont pas la vie vigoureuse des images du feu. Les
eaux ne construisent pas de "vrauis mensonges". Il faut une
âme bien
tourmentée pour se tromper vraiment aux images d'une
rivière.
Ces
doux fantômes de l'eau sont liés d'habitude aux
illusions factice d'une
imagination amusée, d'une imagination qui veut s'amuser."
GASTON
BACHELARD
Blue
moon
Cholédoque
L'eau
L’eau
où,
t'en souviens-tu, je me jetai à l'occasion d'un premier
manuscrit disons, édité,
non-édité...
Honteux ? Peut- être... Un peu !... Le titre : "Maghry, ou
la mer ne saurait être tranquille"... Il y aurait comme
une liquide nostalgie qui traînerait dans les tiroirs de
l'opprobre que ça ne m'étonnerait pas... Alors,
dans le
bain une autre fois, l'eau est plus claire encadrée de
sous-verre, mais plus acide aussi ; signe de notre temps. Ether...
On prend un radeau pour un paquebot, on quitte la Basse-Bretagne, on
rêve d'Irlande et d'Angleterre, Paradis'Art'...
On se
retrouve près de la mer ; une autre mer, une autre fois.
Traversé l'Atlantique, survolé la mare Abricote
espagnole, Geographisme , pour aller croquer le
fruit défendu,
l'inaccessible, "l'amer veilleuse" de nos nuits, Orgân,
et l'on s'échoue sur un accord de guitare, le rivage d'une
île
grecque... Longue Distance, pour Cholédoque, Buste
veiné...
Longue Distance... Whisky S.V.P.... Pas vrai...
?
Texte
et musique :
Vincent M. (piano)
récitant
: Dominique Ottavi
cliquer
sur la flèche verte pour écouter,
Taliseronde
Ether
A
moitié
nu... quelques couleurs criardes... La pâleur du teint... Un
écrivain...? Un touriste plutôt qu'un homme de
mots !
On n'est pas chez Pivot mais quand même... Un touriste...
tiens
donc ! A toute époque de l'année chez nous, moi
qui
suis le Sud. Et c'est précisément en ce sens que
je
suis d'ici: dans mes montagnes, l'Alcudina ...Mes
ancêtres
bergers (je devrais dire bergères, pastourelles,
femmes-liges..) On se protège constamment du soleil,
divinité
vengeresse qu'on adore de l'intérieur seulement, et
à
tâtons, comme toute divinité qu'on respecte
vraiment.
Les gens du Nord nous ont volé le soleil en se
livrant à
sa loi pieds et poings liés, sur des plages de bon aloi,
dont
nous nous sommes toujours défiés : ces terres de
malaria, de maladies et d'invasion, nous les laissions par
héritage
aux filles, nous réservant l'ombre et la montagne pour nos
jeux fiers de grands enfants sauvages où nos
mères
régnaient en maîtres une fois terminés
les
combats, et c'est à l'ombre qu'elle nous prenaient dans
leurs
bras en chuchotant : "Fils, je suis fière de toi !"
Nous
n'avons pas eu de ces
mères là, et voilà pourquoi, le soir
venu, au
détour des mots et des chansons qui sont des mots qu'on
habille de velours et soie pour que nos yeux ne se blessent plus sous
la lampe, et que nos frères se réjouissent
peut-être
sous la rampe où nous rampons vers la lumière qui
n'est
ni celle du soleil, ni celle des projecteurs, mais peut-être
celle de l'être qui est l'Autre, insouciante et
frêle,
tragique et confortable, languissante et désirable...
Voilà
pourquoi, le soir venu, sous les sunlights, nous convoquons
l'idée
même du soleil, inséparable de l'idée
de cette
mer nôtre, cruelle et magnifique, assoiffée de
sang et
d'éternité: Mare nostrum, à vos pieds.
Texte
et musique :
D. Ottavi., dit par V.M.
Cyclone
Collapsar
L'arme
J'ai
l'arme
à
l'œil et le sang glauque à la
fenêtre. Les
raisons de la colère ont été depuis
longtemps
englouties par les flots, les torrents, sous les ponts d'injustice.
Le clochard a son litre et Mirabeau s'en fout comme du monde se fout
le roi, sa cour et son jet d'eau, sublime injure au peuple qui
patauge parfois réjoui dedans sa boue. Les rues des villes
sont sales et les égouts s'étalent jusque dans
les
vitrines d'où dégouline la mort à
crédit.
La vaisselle est sale aussi et dans les couples ça lave son
linge en devanture. Ni dans les villes ni dans les fermes, les draps
ne sèchent plus dans l'herbe mais dégouttent leur
ennui
de nuits trop brèves. Je voudrais me souvenir d'un grand
carré
de satin blanc qui scintillait après lessive près
de la
rive du loch Senart. La maison verte reluisait sous
l'arc-en-ciel d'un automne presque sec. Les pas ne s'imprimaient pas,
ne s'imprimaient plus dans la tourbe encore souple spongille.
Les larmes du départ avaient rempli le puits où
je me
saoule, CARMINA !
Texte
et musique :
V. M., dit par D. O.
cliquer
sur la flèche verte pour écouter,
Géographisme
Echelle
Nuages
Maison
Verte
Regard
Regard
furtif par la
fenêtre... Au loin, pourtant proche et jusqu'à
l'horizon, dans un coin, du bleu mouvant et des taches blanches, la
vie, des voiles et des moutons, ça dépend des
jours, de
la mer, son humeur.
Au
loin, pourtant proche,
la mer, séparée de moi par la fenêtre,
et un amas
de corps pas même entrelacés : la plage, plus
charnier
qu'alcôve... ça dépend du temps, de la
mer, de
l'heure...
Au
loin, pourtant
l'automne est proche, la tempête, la plage est
déserte
ou presque. Une silhouette un peu trop large pour une personne
seule... Un couple écoute, heureux et silencieux, c'est
rare,
le fracas des vagues. Des bateaux au mouillage, les plaisanciers
chanceux ; d'autres à la cape, les rochers, la peur
!
Hier
il y a vingt ans, Léo
Ferré : "Ecoute, Ecoute ! Dans le silence de la mer, il y
a comme un balancement maudit qui vous met le coeur à
l'heure
!"
Très
loin, perdu
dans mes bouquins, je suis ce couple silencieux. La mer ferme son
livre et ses rideaux de bleu marine recouvre le sable qui file entre
les doigts vengeurs.
Demain,
arrière-saison,
je tourne la page... bonheur !
Texte
et musique :
V. M. dit par D. O.
Rue
Cases-Vertes
Buste
Veiné
J'en
ai vu passer
des ponts, ventre en l'air, crevés comme des
bêtes,
piles jointes en une vaine prière. J'en ai
supporté des
îles, des chalands et des poètes qui me croyaient
ivre;
je suis même allé jusqu'à la mer dont
j'ai su
m'arracher à temps pour remonter à ma source, de
beaux
saumons dans les flancs qui ne nourrissaient que mes regrets. Parvenu
au bout de mon voyage, il n'y avait personne, la porte était
close, je voulais pourtant me jeter de toute ma hauteur dans ce petit
trou de roc sombre par où je suis venu au jour, petit trou
noir du temps. De dépit, je me suis répandu
mollement
alentour, là où grandissent tranquillement
à
présent les hautes herbes, les cannes et les roseaux ; je me
suis fait marécage infesté de moustiques et de
malaria
: des hommes survivent là, blottis dans des cases de jonc au
sommet des pilotis : c'est qu'ils se défient de moi, jouant
tout le jour au mahjong pour tromper l'ennui jusqu'à la nuit
noire quand les ombres bizarres s'étirent dans la brume pour
venir converser à voix basse avec moi, et même
parfois
elles se couchent de tout leur long sur ma peau glacée,
alors
les hommes ont peur et me maudissent en de longues incantations au
rituel compliqué par lesquelles ils croient se
débarrasser
de moi.
Dans le
désert
où l'homme se noie les clichés ont
déteint sur
la rosée de l'aube amère d'Ammar. Tous les
rochers
d'algues verdâtres ont disparu dessous l'urine des touristes.
De Taliseronde à Tabachtint, il reste
juste un peu de
sel dans les marais que seule, isolée, solitaire, ton
imagination arrose. Du plus beau souvenir que l'homme s'invente nous
n'avons plus que l'idée vague et
délavée, l'idée
claquée, crevée comme cette bulle qui
régulièrement
laisse sa trace, sur la vitre, après la pluie d'un vieux
dimanche après-midi.
Mais
demain c'est Lundi,
jour de lessive, on oublie tout ! KliK, Klak, Kodak ! Flash
à
Karukéra, back en Vendée sur les
étiers qui
s'effilochent en serpentines, comme des traits d'union entre la voix
des prairies grises crissant sous le gel et le silence qui
s'exaspère Rue Case-Verte, rue
Case-Verte....
Rayure
sur le négatif
… Alors toujours on se répète les
mêmes phrases
: Dans le désert du couple où l'Homme se noie,
les
clichés ont déteint sous la rosée de
la Lune
Bleue "Klik... claquement sec dans le caniveau" Les
briques humides de Belfast où je me trouve suintent la peur
moite de la mort lente. Des gens m'attendent... Visiteur Noir
Texte
et musique : Vincent M. dit par Dominique Ottavi.